
Ce contrat est d'une importance capitale, car il est au cœur des efforts du Pentagone pour moderniser sa technologie. Une grande partie de l'armée utilise des systèmes informatiques des années 1980 et 1990, et le ministère de la Défense a dépensé des milliards de dollars pour essayer de les moderniser, a rapporté Reuters. Selon Reuters, les fonctionnaires se sont plaints d'avoir des systèmes informatiques désuets et d'être incapables d'accéder aux dossiers ou de partager l'information aussi rapidement que cela se fait dans le secteur privé.
L'unification de l'information dans le nuage présente, par conséquent, des avantages évidents pour le Pentagone à mesure que les militaires utilisent davantage les capteurs à distance, les armes semi-autonomes et l'intelligence artificielle. Selon Reuters, le Pentagone a déclaré qu'il avait accordé plus de 11 milliards de dollars dans le cadre de 10 contrats de cloud distincts au cours des deux dernières années. « Alors que nous poursuivons l'exécution de la stratégie cloud du DoD, d'autres contrats sont prévus pour les services cloud et les solutions complémentaires de migration et d'intégration nécessaires à une adoption efficace du Cloud », a déclaré le Pentagone.
Mais la décision d’attribution de JEDI à Microsoft devant Amazon a surpris plus d’un. Car, d’une part, AWS avait été considérée comme le chef de file pour avoir construit des services de cloud computing pour la Central Intelligence Agency, et d’autre part, parce qu’Amazon avait été certifiée au plus haut niveau d'habilitation de sécurité existant, tandis que Microsoft s'efforçait de rattraper son retard dans le cloud computing, selon le News York Times. Il faut noter également que le processus d’attribution, qui a duré longtemps que prévu, a aussi été émaillé par des intrusions de la Maison-Blanche, le président Trump devenant parfois publiquement hostile à Jeff Bezos, PDG d’Amazon. M. Bezos possède également le Washington Post qui n’hésite pas à critiquer l’administration Trump. JEDI a aussi fait l’objet de critiques dès le départ par les employés de certains fournisseurs.
JEDI a suscité de la controverse dès le début de la période soumission
Dès début octobre 2018, Google avait décidé de se retirer de la course à JEDI, faisant valoir que le projet pourrait entrer en conflit avec ses valeurs. Dans une déclaration, Google avait dit : « Bien que nous travaillions pour aider le gouvernement américain avec notre cloud dans de nombreux domaines, nous n’allons pas soumettre d’offre pour obtenir le contrat JEDI car, tout d’abord, nous n’avons aucune assurance que cela correspondrait à nos principes concernant l’utilisation de l'IA, ensuite, nous avons déterminé qu'il y avait des portions du contrat qui étaient hors de portée avec nos certifications gouvernementales actuelles ».
En juin, Google s’est retiré du projet Maven, un autre projet du DoD utilisant l’intelligence artificielle pour analyser les images de drones, après des critiques internes de milliers de travailleurs, soutenus par des associations de droits de l’homme. Ces critiques ont incité le PDG, Sundar Pichai, à énoncer les principes de l’intelligence artificielle de la société, qui s’opposent à l’utilisation d’IA de Google dans les armes.
Après la publication en octobre 2018 d’un billet intitulé « activation du cloud intelligent et des solutions de pointes intelligentes pour le gouvernement », dans lequel Julia White, Corporate Vice President de Microsoft Azure, s’est largement étendue sur « la transformation de la technologie qui ouvre de nouveaux scénarios de mission pour les agences gouvernementales », certains employés de Microsoft ont fait un lien avec JEDI et ont exprimé leur mécontentement. Dans une lettre ouverte, ces employés ont demandé à leur employeur de ne pas participer à la compétition : « Microsoft ne doit pas soumissionner sur JEDI ».
Dès le lancement de l’appel d’offres, les plans pour le contrat JEDI suscitaient déjà la controverse de la part de certains fournisseurs. Pour sa part, Oracle Corporation avait choisi de déposer une plainte auprès du gouvernement américain pour protester contre l'idée d’attribuer le contrat de cloud du Pentagone à un seul fournisseur. Pour Oracle, cela pourrait nuire à l'innovation, à la concurrence et à la sécurité.
L'action en justice d’Oracle affirmait également que le processus d’attribution a été entaché par de nombreux conflits d'intérêts, y compris des liens entre d'anciens fonctionnaires du ministère de la Défense et Amazon. A l’époque, certaines personnes pensaient qu’Oracle, qui faisait partie des derniers arrivants sur le marché du cloud, craignait que l’un de ses concurrents se procure à lui seul tout le contrat, alors que l'entreprise essaie de rattraper son retard sur le marché du cloud. Mais en juillet, un juge a définitivement écarté Oracle de la compétition en rejetant sa poursuite. Bien plus tôt en avril 2018, le ministère américain de la Défense l’avait écarté en choisissant Microsoft et Amazon comme finalistes dans le projet militaire JEDI Cloud.
L’implication critiquée de la Maison-Blanche dans le processus d’appel d’offres
Selon The New York Times, l'attribution à Microsoft est susceptible d'alimenter les soupçons que M. Trump aurait pu jouer un rôle important en privé aussi bien qu'en public pour éliminer Amazon. Les experts en passation de marchés fédéraux ont dit qu'il serait tout à fait inapproprié qu'un président intervienne dans l'attribution d'un marché, a rapporté le journal. Pour rappel, en août dernier, M. Trump a déclaré que son administration examinait l'offre d'Amazon à la suite de plaintes déposées par d'autres entreprises.
Selon Reuters, dans un livre dont la publication est prévue pour le 29 octobre, Guy Snodgrass, un commandant de la marine à la retraite, qui a été rédacteur de discours pour l'ancien ministre de la Défense Jim Mattis, a déclaré que Trump avait appelé Mattis et lui avait demandé de « mettre la pression sur Amazon » en lui interdisant de soumissionner pour le contrat JEDI, selon un extrait du livre lu par Reuters avant sa sortie. Mais l’extrait du livre montre que Mattis n’a pas exécuté cette demande. « Nous n'allons pas faire cela », a déclaré plus tard Mattis à d'autres responsables du Pentagone, selon la lecture de Reuters. « Cela se fera dans les règles de l'art, tant du point de vue légal qu'éthique ». M. Snodgrass n’a pas commenté la nouvelle en attendant que son livre sorte.
Il y a quelques jours, le ministre américain de la Défense, Mark Esper, s'est retiré de l'examen du dossier en raison de l'emploi de son fils adulte chez IBM Corp, l'un des premiers demandeurs de contrat, alors qu'il avait dit plus tôt qu’il voulait prendre plusieurs mois pour examiner la question. Ce retrait, sur lequel Reuters n’a pas donné plus de détails, est intervenu alors que le ministère américain de la Défense avait éliminé IBM du challenge depuis le mois d’avril.
Dans un communiqué attribuant le contrat à Microsoft vendredi, le ministère de la Défense a déclaré : « Le processus d'acquisition s'est déroulé conformément aux lois et règlements en vigueur ». « Toutes les (offres) ont été traitées équitablement et évaluées conformément aux critères d'évaluation énoncés dans la demande de soumissions. Avant l'attribution du prix, le ministère s'est entretenu avec l'inspecteur général du ministère de la Défense, qui a éclairé la décision d'aller de l'avant », a ajouté le ministère.
Selon le New York Times, Price Floyd, un ancien chef des affaires publiques du Pentagone qui a brièvement consulté Amazon, a déclaré qu'il pensait que les critiques virulentes de M. Trump à l'égard d'Amazon lui donneraient de bonnes raisons de protester contre le choix de Microsoft. « C'est le commandant en chef, et il n'a pas été subtil au sujet de son hostilité envers Amazon », a dit M. Floyd.
Le sénateur démocrate Mark Warner a déclaré sur Twitter qu'il était « important que nous maintenions un processus équitable et compétitif » et que « le fait que le président utilise le pouvoir de son bureau pour punir les critiques dans les médias serait un abus de pouvoir total ».
Repositionnement sur le marché de cloud pour Microsoft, mais victoire surprise pour plusieurs
Selon le New York Times, pas plus tard que ce mois-ci, d’aucuns auraient parié que Microsoft n'obtiendrait tout au plus qu'une partie du contrat et que le Pentagone ferait appel à plusieurs fournisseurs pour ses services cloud. En effet,...
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