Data center de Google implanté en Finlande
Cette étude vient alors contredire certains préjugés et croyances selon lesquels les centres de données laissent une empreinte carbone équivalente à celle de l’industrie de transport aérien. En fait, l’on a longtemps pointé du doigt ces infrastructures gigantesques de la technologie numérique car considérées comme pesant trop lourdement sur le système électrique mondial. Ainsi, Tom Bawden, l’auteur d’un article publié par The Independent au Royaume-Uni en 2016, prévoyait que la consommation énergétique des centres de données devrait doubler tous les quatre ans, ce qui amènerait à multiplier par trois la part mondiale de la consommation d’énergie électrique de ces centres en seulement une décennie : plus précisément, il a été estimé que cette consommation constitue 3 % de l’approvisionnement énergétique mondial en 2020, ce qui serait équivalent à 2 % des émissions totales de gaz à effet de serre.
Ce même article de Bawden avançait d’autres chiffres relatifs à 2016 : la quantité d’énergie consommée par les centres de données (estimée à 416,2 térawattheures) serait largement supérieure à la consommation totale du Royaume-Uni (300 térawattheures). Il apparaît donc que les nouvelles données issues de l’étude parue cette année sont bien en dessous de ces chiffres avancés dans l’article de 2016.
Selon l’un des chercheurs ayant réalisé l’étude de 2020, Jonathan Koomey, la simple extrapolation des données conduisant à l’utilisation de projections de la croissance future de la consommation d’énergie des centres de données comporte un biais important qui a alors faussé la prédiction : cette approche ne tient pas compte des gains d’efficacité énergétique. Il ne faut pas nier que ces appareils, bien que consommant plus d’énergie par rapport à ce qu’il en était il y a près d’une décennie, effectuent beaucoup plus de calcul actuellement pour chaque wattheure utilisé.
En effet, les systèmes modernes d’infrastructure de data center, notamment en ce qui concerne le refroidissement et l’alimentation, sont beaucoup plus performants qu’auparavant. Cela dit, la réduction d’énergie consommée que cela induit est suffisante pour permettre la compensation de la hausse de la consommation énergétique totale de ces appareils informatiques. Cela concerne plus particulièrement les centres de données cloud qui hébergent actuellement 89 % des instances de calcul, alors qu’en 2010, 79 % des instances de calcul dans le monde se trouvaient dans les centres de données traditionnels.
Actuellement, l’on connait une vaste migration vers de nouvelles installations fabriquées par des fournisseurs de services de cloud computing, à l’instar de Google Cloud, Amazon Web Services, et Microsoft Azure. Il s’avère désormais que les centres de données cloud faisant l’objet d’une exploitation commerciale soient largement plus optimisés pour la performance énergétique par rapport aux centres de données exploités individuellement par des entreprises.
Cela est principalement dû au fait que les opérateurs fournissant les infrastructures de cloud sont fortement incités à gaspiller moins d’énergie : leur marge bénéficiaire est inversement proportionnelle à l’utilisation d’énergie sur ces centres de données. En revanche, les gestionnaires des centres de données d’entreprise ne gagnent absolument rien dans la réduction de la consommation d’énergie de ces appareils (les coûts qui y sont associés étant supportés directement par l’entreprise concernée).
La publication de cette nouvelle étude de 2020, dans le magazine Science, survient justement au moment où l’Union Européenne (UE) envisage d’imposer des normes d’efficacité énergétique aux opérateurs gérant des centres de données en Europe. Dès lors, ces fournisseurs veulent que l’UE incite les entreprises à abandonner leurs anciennes infrastructures pour migrer vers les installations commerciales.
Urs Hölzle, vice-président de l’infrastructure technique de Google, affirme par exemple que les centres de données de Google sont doublement plus économes en énergie par rapport à ces installations traditionnelles d’entreprise. De plus, Hölzle souligne que Google fournit actuellement sept fois plus de puissance de calcul avec la même quantité d’énergie électrique que ses centres de données consommaient il y a cinq ans.
Cette tendance à plus d’efficacité énergétique semble être généralisée pour les grandes sociétés Internet, y compris par exemple Facebook et Apple. Elles ont eu ainsi l’idée de placer leurs centres de données dans des régions à climat froid afin de réduire substantiellement la consommation énergétique nécessaire pour le refroidissement des installations. Cela facilite aussi le recours aux énergies renouvelables pour les besoins restants de ces centres de données. En tout cas, la migration du traitement des données vers les services cloud constitue l’une des principales recommandations dans cette étude de 2020.
Source : Science
Et vous ?
Pensez-vous que les cloud commerciaux actuels constituent la meilleure option pour les entreprises, au nom de l’efficacité énergétique ?
Qu’en est-il de la question de sécurité si la migration vers ce type d’installation devient une obligation pour ces entreprises ?
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