La crise du coronavirus a bouleversé les habitudes de la plupart des entreprises dans tous les domaines d'activité, en particulier l'IT. Pour y survivre, ces dernières ont fait preuve d'agilité technique et d'une profonde compréhension des clients. Dans un récent rapport, intitulé "Accelerating Out of Crisis" (accélérer la sortie de crise), le cabinet d'analyse de marché Forester a indiqué que c'est ce même état d'esprit qui définira l'année 2021 : « Les entreprises de premier plan cultiveront la résilience, la créativité, l'obsession du client et l'adaptabilité ». Voici un aperçu des principales prédictions de Forrester pour 2021.
Les consommateurs sont contraints à une certaine "évasion" en raison du Covid-19
Forester estime que l'année 2020 a été marquée par le chaos et a plongé les consommateurs et les entreprises en mode de crise. Ainsi, le cabinet pense qu'en 2021, l'on commencera à voir les contours des nouveaux ordres économiques, sociaux et culturels forgés dans le creuset de la pandémie du Covid-19. Les consommateurs seront contraints de vivre dans la peur et le besoin, remplir simultanément leurs obligations domestiques et professionnelles, lutter contre le sentiment d'isolement et faire face à l'agitation politique et sociale.
Les consommateurs seront plus enclins à essayer de nouvelles formes de consommation qui promettent une ruée vers le confort, le contrôle et le bonheur, même si les expériences sont entièrement simulées. Forester estime que la réalité étendue, qui comprend les technologies de réalité augmentée, mixte et virtuelle, permettra cette tendance. Dans son analyse, le cabinet a rappelé qu'au quatrième trimestre 2019, environ 36 % des consommateurs américains avaient essayé la réalité augmentée (AR - augmented reality) ou virtuelle (VR - virtual reality).
En raison de la situation actuelle, Forester prévoit qu'environ 10 à 12 % supplémentaires des consommateurs américains expérimenteront cette technologie en 2021, ce qui augmentera l'exposition globale à un peu moins de la moitié de la population adulte américaine en ligne. En outre, les consommateurs donneront aux marques la permission de devenir plus créatives, plus divertissantes et plus immersives qu'ils n'ont jamais trouvé acceptable auparavant. Enfin, Forester estime que les CMOs (chief marketing officer) devront être choisis consciemment et sincèrement.
« Si des tactiques de manipulation détruisent la confiance de cette population émotionnellement vulnérable, les consommateurs ne donneront pas une seconde chance à votre marque », a déclaré Forester.
Les entreprises mettent le cloud au centre de leur stratégie pour la reprise après la pandémie
L’impact de la pandémie mondiale sur le lieu de travail a renforcé la valeur et la nécessité considérables du cloud computing pour l’économie et la main-d’œuvre mondiales. Sans applications, outils et services cloud, les entreprises n'auraient pas pu renvoyer des millions de travailleurs chez eux, maintenir des chaînes d'approvisionnement mondiales ou modifier des modèles commerciaux entiers de l'industrie en quelques semaines. La ruée vers le cloud pendant la pandémie a également révélé des contrastes saisissants entre les entreprises qui adoptent les technologies cloud et celles qui y ont résisté.
D'après les données recueillies par Forester, la transition agressive vers le cloud, qui se déroule déjà à un rythme sain avant la pandémie, augmentera en 2021, générant une adoption encore plus grande des entreprises, des revenus des fournisseurs de cloud et une valeur commerciale encore plus grande en 2021. Les changements apportés par le Covid-19 ont obligé les entreprises à donner la priorité à la vitesse et l'expérience client plutôt que les économies de coûts et l'efficacité, et ils ont afflué vers les services de cloud public plus rapidement.
En effet, Forester a précédemment prédit que le marché des infrastructures de cloud public augmenterait de 28 % pour atteindre 113,1 milliards de dollars en 2021. Au milieu de la pandémie, les quatre plus grands cloud publics ont maintenu une très forte croissance des revenus (AWS : 29 % ; Microsoft Azure : 47 % ; Google Cloud : 43 % ; et Alibaba : 59%) alors que les entreprises accéléraient les migrations vers le cloud et lançaient de nouvelles applications pour répondre aux demandes des consommateurs en constante évolution. Le cabinet prévoit maintenant que le marché mondial des infrastructures de cloud public augmentera de 35 % à 120 milliards de dollars en 2021 et qu'Alibaba Cloud occupera la troisième place de chiffre d'affaires au monde, après AWS et Azure.
Les dépenses dans les infrastructures cloud continueront à grimper en 2021
Selon Forester, en 2021, 30 % des entreprises continueront à accélérer leurs dépenses dans le cloud, la sécurité et les risques, les réseaux et la mobilité, y compris les entreprises en difficulté qui cherchent à devancer des concurrents moins rusés et à tirer profit de la pandémie. Les PDG "habiles" adopteront des stratégies de type "cloud first" et "platform" pour la rapidité et l'adaptabilité, évitant ainsi de recourir à des solutions de bout en bout. Forester estime que des entretiens avec ces PDG ont révélé qu'ils collaborent davantage entre les organisations, les objectifs et les budgets.
Ils font cela en étendant les partenariats entre les entreprises et les technologies de l'information à la responsabilité partagée au niveau de l'entreprise. En outre, Forester pense qu’en 2021 ils investiront également de manière agressive (proactive) dans les employés, en brisant les vieux idéaux et en résolvant les résistances au sein de l'organisation. À ce propos, Forester a déclaré que les PDG axés sur l'expérience des employés (EX - Employee experience) aideront leurs entreprises à attirer, développer et retenir les talents qui peuvent leur procurer un avantage concurrentiel au cours d'une année critique.
Par ailleurs, ils réaliseront les investissements nécessaires pour favoriser la collaboration sociale, faciliter la recherche et l'utilisation des informations et offrir une sécurité moins dérangeante. Les organisations dont les PDG sont lents ou incapables de s'adapter auront au moins deux problèmes sur les bras. En premier, l'attrition massive et en deuxième, ils risquent de s'enliser dans des solutions à court terme, comme la modernisation, la simplification et la consolidation des technologies, qui ne parviendront à l'uniformité numérique que par des stratégies de comparaison entre pairs d'ici à la fin 2021.
La pandémie du Covid-19 a changé à jamais les pratiques de direction et d'embauche
Selon le rapport, en 2021, au moins 21 % des travailleurs américains de l'IT travailleront principalement à domicile, contre 7 % en 2019. Quelque 47 % des cadres nord-américains interrogés pendant la pandémie prévoient un taux toujours plus élevé d'employés à distance à temps plein, et 53 % des employés disent vouloir travailler plus souvent à domicile, même après la pandémie. Ainsi, Forester prévoit que la plupart des entreprises utiliseront un modèle de travail hybride, avec moins de personnes au bureau et plus d'employés à temps plein à distance.
Comme une grande partie de la main-d'œuvre acquiert les compétences et les préférences nécessaires pour un travail à distance efficace, elle en viendra à attendre de son entreprise une stratégie de travail en tous lieux plutôt qu'une politique de travail à distance axée sur l'exception. Selon Forester, il faut s'attendre à ce que cela remodèle l'acquisition de talents, en passant directement au braconnage de talents, car les travailleurs les plus désirables recherchent des opportunités de travail en fonction de leur localisation.
Le cabinet continue en disant que les attentes ont été redéfinies pour les responsables RH, tout comme elles l'ont été pour employés. La pandémie a poussé les RH au milieu de transformations qui ont nécessité de coordonner les techniques de travail à distance avec l'informatique, de réajuster les budgets en milieu d'année avec le directeur financier, et de modifier complètement les modèles d'acquisition et de formation des talents. Selon lui, nouvellement enhardis, les "meilleurs" responsables RH utiliseront leur "connexion" améliorée à l'IT pour demander de meilleurs outils d'analyse et d'action sur les données de la main-d'œuvre.
En outre, "les meilleurs des meilleurs" chercheront des outils enrichis par l'IA qui orienteront la politique de la main-d'œuvre et guideront certains employés vers de meilleurs résultats.
L'augmentation des données sur les salariés s'accompagne d'opportunités, mais aussi de risques juridiques
Le rapport estime que la demande des consommateurs, l’innovation et la pandémie modifient notre façon de travailler et suscitent le désir des employeurs de collecter, analyser et partager les données personnelles des employés. En fait, l'analyse des effectifs est l'un des segments du marché de la gestion du capital humain qui connaît la croissance la plus rapide. Selon les estimations de Forester, cela connaîtra une croissance avec un TCAC (taux de croissance annuel composé) en 2021 de près de 16 %, il atteindra près de 1 milliard de dollars d'ici 2023.
Cela dit, les données offrent une opportunité, mais sans les bonnes garanties, cela devient un piège. Forester prévoit qu'en 2021, l'activité réglementaire et juridique concernant la confidentialité des employés doublera. Alors que les régulateurs européens appliquent déjà les règles de confidentialité pour protéger les données personnelles des employés, des pays comme le Brésil, l'Inde et la Thaïlande feront bientôt de même. Aux États-Unis, en raison des pratiques et politiques d'entreprise qui limitent ou refusent souvent aux employés le droit à la vie privée, la bataille pour déterminer ce qu'est une attente raisonnable en matière de vie privée au travail sera menée devant les tribunaux.
Ainsi, Forester estime que l'on devrait s'attendre à ce que les poursuites en matière de confidentialité des employés de ce côté du globe se multiplient au cours des 12 prochains mois. Le cabinet suggère alors que les entreprises doivent adopter une approche de « confidentialité dès la conception » lors du traitement des données personnelles des employés. Pour ce faire, il faut identifier et suivre toutes les exigences pertinentes, y compris et au-delà de la confidentialité. En plus, il faut évaluer les risques particuliers en matière de confidentialité et d'éthique et communiquer de manière transparente avec les employés.
L'automatisation du lieu de travail et l'IA sont là pour rester et s'améliorer avec le temps
Selon Forester, sans surprise, 2021 verra un lieu de travail changé et de nouvelles technologies seront nécessaires pour le soutenir. Dix-huit millions de travailleurs américains travailleront à domicile à la suite de la pandémie, des travailleurs du savoir aux travailleurs des cabines. De nombreuses entreprises investiront dans l'IA conversationnelle, l'apprentissage automatique et les avancées matérielles pour aider à lisser certains de ces changements sur le lieu de travail. Le cabinet prévoit que d'ici la fin de 2021, un télétravailleur sur quatre bénéficiera de nouvelles formes d'automatisation, directement ou indirectement. Le soutien direct sera la forme la plus rare.
Mais le support indirect s'épanouira, car les robots d'automatisation des processus robotiques (RPA) combinés à l'intelligence artificielle conversationnelle et à d'autres automatisations intelligentes géreront des tâches professionnelles souvent invisibles pour le travailleur à domicile.
L'Edge computing (l'informatique en périphérie de réseau) est le nouveau cloud
L'Edge computing rapproche essentiellement l'informatique de l'endroit où les données sont générées et de l'endroit où des mesures peuvent être prises. D'après Forester, en 2020, les décideurs en matière de mobilité dont les entreprises ont mis en œuvre l'informatique de périphérie ont déclaré que la collecte d'informations à partir d'appareils mobiles et autres était le plus grand avantage pour leurs organisations utilisant l'informatique de périphérie. Ainsi, en 2021, le cabinet estime que l'on verra émerger de nouveaux modèles commerciaux qui facilitent le déploiement de l'informatique en périphérie, les efforts des plateformes cloud pour rivaliser, et l'IA et la 5G facilitant l'expansion des cas d'utilisation de l'informatique en périphérie.
En gros, Forester estime que les fournisseurs de l'informatique en périphérie captent désormais plus d'activités cloud. Alors qu'est-ce qui motive cette croissance ? En premier, Forester a déclaré que les grands fournisseurs tels que Dell, HPE, IBM et Intel doublent leurs capacités en informatique périphérie avec des solutions de type cloud déployables partout. Deuxièmement, les réseaux de diffusion de contenu et les fournisseurs de colocation de centres de données offrent des services de calcul pour l'informatique en périphérie sur des centaines ou des milliers de points de présence locaux, ce qui aide les systèmes d'entreprise à être plus réactifs et contextuels.
Enfin, le marketing autour de l'informatique en périphérie devient de plus en important. Selon Forester, il y a eu plus d'investissements en capital-risque au premier trimestre de 2020 que dans l'ensemble de 2019. Au cours des trois prochaines années, les acheteurs déplaceront leurs stratégies cloud vers l'informatique en périphérie pour capturer toute cette innovation et devenir plus connectés. Bien que les cloud publics jouent un rôle, Forester ne pense pas qu'ils domineront, car leur culture est basée sur des centres de données massifs et un contrôle strict de l'architecture, exactement le contraire de ce dont les entreprises ont besoin pour servir leurs clients localement. Par ailleurs, les fournisseurs avec une stratégie davantage gagnante feront mieux.
Source : Rapport de Forester - Accelerating Out of Crisis
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Le , par Bill Fassinou
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