La société américaine de logiciels Basecamp (37signals) poursuit son processus de retrait du cloud au profit d'une solution sur site et a annoncé cette semaine que cette approche lui permettra d'économiser 7 millions de dollars en dépenses de serveurs sur cinq ans. Elle a indiqué que cette économie devrait se faire sans nécessiter une modification de la taille de l'équipe d'exploitation de l'entreprise ou un autre changement majeur. Basecamp s'est insurgée contre ce qu'elle appelle "les augmentations grotesques des prix du cloud", après avoir dépensé plus de 3,2 millions de dollars dans le cloud en 2022. Elle a détaillé cette facture en janvier dernier.
Selon de nombreuses études, sondages et prévisions, les entreprises vont de plus en plus s'orienter vers le cloud à l'avenir. Cette approche devrait les aider à rationaliser les charges de travail et à augmenter la productivité. Cependant, la facture peut parfois grimper rapidement et devenir une source de frustration pour ces dernières. De nombreuses entreprises qui adoptent le cloud ont déclaré rencontrer des difficultés pour optimiser leurs dépenses en matière de cloud. Dans le même temps, les fournisseurs de services ont récemment augmenté les coûts de location de leurs infrastructures, après l'envolée des coûts de l'énergie, notamment en Europe.
Basecamp, qui consommait autrefois ces services, a déclaré en octobre dernier qu'elle abandonnait le cloud en raison des augmentations "grossières" des prix. David Heinemeier Hansson, directeur technique de Basecamp, a déclaré : « la location d'ordinateurs est une mauvaise affaire pour les entreprises de taille moyenne comme la nôtre, à la croissance stable. Les économies promises dans la réduction de la complexité ne se sont jamais matérialisées. Nous faisons donc nos plans pour partir ». Mardi, il a déclaré dans un article que la société prévoit d'économiser jusqu'à 7 millions de dollars au cours des cinq prochaines années en s'éloignant du cloud.
« Depuis que nous avons fait part de notre intention de quitter le cloud en octobre, nous n'avons pas chômé pour y parvenir. Après un bref détour dans une impasse avec un fournisseur de Kubernetes d'entreprise, nous avons trouvé notre rythme en construisant nos propres outils, et nous avons réussi à déplacer la première petite application hors du cloud il y a quelques semaines. Nous visons maintenant une sortie totale du cloud d'ici la fin de l'été prochain et, d'après nos calculs préliminaires, nous devrions économiser environ 7 millions de dollars en dépenses de serveurs sur cinq ans. Sans modifier la taille de notre équipe d'exploitation », a-t-il écrit.
Selon le billet de blogue de Hansson, le calcul approximatif est le suivant : l'entreprise a dépensé environ 3,2 millions de dollars sur le cloud en 2022. Sur ce montant, Hansson a expliqué qu'un peu moins d'un million a servi à stocker 8 pétaoctets de fichiers dans S3, entièrement répliqués dans plusieurs régions. Il reste donc environ 2,3 millions de dollars pour tout le reste : serveurs d'applications, serveurs de cache, serveurs de bases de données, serveurs de recherche, etc. Selon Hansson, c'est cette partie du budget que la société de logiciels a l'intention de ramener à zéro en 2023. Ensuite, Basecamp s'occupera de la sortie des 8PB de S3 en 2024.
Le mois dernier, Hansson a déclaré que leurs dépenses dans le cloud l'année dernière pourraient être "considérablement réduites" si l'entreprise passait à du matériel Dell et à un hébergement géré par une société appelée Deft. Mardi, il a annoncé que la société devrait dépenser dans les prochains mois 600 000 dollars pour acquérir du matériel. « Dépenser 600 000 dollars pour un ensemble de matériel peut sembler énorme à l'ère du cloud. Mais si vous amortissez ce montant sur une période prudente de cinq ans, cela ne représente que 120 000 dollars par an. Et nous avons de nombreux boîtiers qui fonctionnent encore après sept ans », a-t-il écrit.
« Nous sommes encore en train d'affiner les configurations exactes dont nous avons besoin, mais que nous finissions par commander 8 machines exécutant des processeurs doubles de 64 cœurs (pour un total de 256 vCPU par boîtier) dans chaque centre de données ou 14 machines exécutant des processeurs monosocket à une fréquence d'horloge plus élevée, cela n'a pas vraiment d'importance pour le calcul global. Nous devons ajouter environ 2 000 vCPU par centre de données, et nous fonctionnons dans deux centres de données, donc 4 000 vCPU pour les performances et la redondance. Ce sont des chiffres approximatifs », explique Hansson.
Mais il ne s'agit bien sûr que des boîtiers. Il faut aussi les connecter à l'électricité et à la bande passante. Selon Hansson, Basecamp dépense actuellement environ 60 000 $ par mois pour huit racks dédiés entre les deux centres de données par l'intermédiaire de Deft. Basecamp aurait surdimensionné l'espace, de sorte qu'elle peut en fait installer tous ces nombreux nouveaux serveurs dans les racks existants sans avoir besoin de plus d'espace ou de puissance. Ainsi, les dépenses restent autour de 720 000 $ par an. Cela fait un total de 840 000 $ par an pour tout : bande passante, alimentation et boîtiers sur un plan d'amortissement de cinq ans.
Hansson explique que cela revient beaucoup moins cher à Basecamp que le cloud. « Comparé à 2,3 millions de dollars dans le cloud. Et nous disposerons d'un matériel beaucoup plus rapide, de beaucoup plus de cœurs, d'un stockage NVMe incroyablement moins cher et d'une possibilité d'expansion à un coût très faible (tant que nous pouvons encore tenir dans quatre racks par DC). En chiffres ronds, appelons cela une économie d'un million et demi de dollars par an. Mettez de côté un demi-million pour les dépenses imprévues sur la période, et cela fait toujours 7 millions de dollars économisés sur 5 ans », a écrit Hansson dans son billet de blogue.
« Toute entreprise SaaS de taille moyenne ou supérieure avec des charges de travail stables qui ne compare pas sa facture de location de serveurs dans le cloud à l'achat de ses propres boîtes commet une faute professionnelle financière à ce stade. Je vous suggère d'appeler Dell, puis Deft. Obtenez des chiffres concrets. Faites-vous votre propre opinion. Nous continuerons à partager nos leçons, nos outils et nos calculs lorsque nous aurons terminé la sortie du nuage (sans S3) en 2023 », a-t-il ajouté. En partageant son expérience du retrait du cloud, Basecamp compte inciter d'autres entreprises à emprunter la même voix.
Une étude récente de Canalys a révélé que les dépenses en services de cloud devraient augmenter de plus d'un cinquième cette année, ce qui représente une charge importante pour les entreprises. Cette flambée est alimentée par la hausse des coûts du cloud public et l'inflation, et "oblige les entreprises clientes à optimiser leur approche du cloud". « Les incertitudes macroéconomiques contribuent à une approche plus conservatrice des budgets informatiques. Un nombre croissant de clients ajustent leurs stratégies de cloud pour plus d'efficacité et de contrôle », indique le rapport. Cela pourrait redonner de l'attrait pour les solutions sur site.
Le rapport de Canalys note que cet état de choses oblige certaines organisations à envisager le rapatriement des charges de travail du cloud vers des centres de données privés ou en colocation. Hansson a déclaré que, outre la hausse des coûts, d'autres raisons poussaient les entreprises à délaisser le cloud. Il a expliqué qu'une partie de ces raisons pouvait être attribuée au sentiment omniprésent que la collaboration avec les fournisseurs de services cloud limitait le sentiment d'"indépendance" de l'entreprise et l'enfermait dans un système dans lequel elle était redevable des changements mis en œuvre par des parties prenantes externes.
« Nous valorisons l'indépendance par-dessus tout. Être piégé dans le cloud d'Amazon et devoir subir les indignités d'une tarification scandaleuse pour de nouvelles expériences est devenu une violation intolérable de cette valeur fondamentale », explique Hansson.
Source : David Hansson, directeur technique de Basecamp
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Le directeur technique de Basecamp affirme que l'entreprise économisera 7 millions de dollars sur 5 ans en abandonnant le cloud,
Au profit de sa propre infrastructure
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Le , par Bill Fassinou
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