Les entreprises se plaignent de l'augmentation des coûts liés au cloud
Le fournisseur britannique de services cloud natifs Civo a publié un nouveau rapport sur l'évolution des coûts du cloud et la satisfaction des entreprises. Le rapport suggère que les organisations s'interrogent de plus en plus sur les réels avantages du passage au cloud et sur le retour sur investissement. De nombreuses organisations ont migré vers le cloud pour des raisons de flexibilité, de rentabilité..., mais la technologie semble ne pas tenir ses promesses. Le cloud se complexifie année après année et les organisations sont confrontées à de nombreux défis, notamment à une augmentation considérable des dépenses.
En 2012, Andy Jassy, l'actuel PDG d'Amazon, s'est exprimé lors de l'événement re:Invent d'AWS sur les avantages du cloud, promettant un avenir aux activités à faibles marges. Un peu plus de dix ans plus tard, des études soulignent que les coûts du cloud augmentent de façon vertigineuse et posent un problème à 82 % des organisations. La dépendance vis-à-vis des fournisseurs est une autre crainte des organisations qui utilisent. Selon Civo, le cloud est en panne.
Selon le nouveau rapport de Civo, plus d'un tiers des organisations interrogées estiment que leur passage au cloud n'a pas tenu ses promesses en termes de rentabilité. Plus de la moitié d'entre elles ont fait état d'une augmentation de leur facture cloud. Bien que le rapport présente Civo sous un jour flatteur, comme on pouvait s'y attendre, certains de ses chiffres peuvent mettre mal à l'aise les clients qui se sont laissés convaincre par les promesses de grandes entreprises.
Des comparaisons à l'identique pour un simple cluster de trois nœuds avec 200 Go de stockage persistant et un transfert de données de 5 To ont montré que les prix passaient de 1 278,58 $ en 2022 à 1 458,68 $ en 2024 sur Microsoft Azure. Sur Google Cloud, le prix est passé de 1 107,61 $ à 1 250,35 $. Selon les chiffres de Civo, le coût chez AWS est passé de 1 142,46 $ à 1 234,59 $. Pour les administrateurs, il s'agit d'un casse-tête dans la gestion efficace des coûts.
Microsoft et Google n'ont pas commenté les résultats de l'enquête. Mais un représentant de l'un des hyperscaleurs a rétorqué que les chiffres semblaient avoir été sélectionnés et a souligné que, par exemple, les clients utilisant des instances réservées pouvaient réaliser des économies significatives. Un porte-parole d'AWS a déclaré : « les fournisseurs vantent souvent leurs prix en les comparant directement à ceux d'AWS, ce qui encourage la concurrence sur les prix ».
Il a ajouté : « AWS a réduit ses prix 134 fois depuis son lancement en 2006. Ces réductions de prix ont eu lieu alors même qu'AWS n'a cessé d'améliorer la fiabilité, la disponibilité, la sécurité et les performances. En outre, AWS propose des outils de gestion qui permettent aux clients de surveiller et d'optimiser plus facilement leurs coûts liés au cloud ». Mais malgré ces protestations, les analystes prédisent depuis longtemps une augmentation des prix du cloud public.
Les défis liés à la consolidation du marché autour de Google, Azure et AWS
Selon le rapport, 77,4 % des 500 professionnels du secteur interrogés utilisent l'un des trois grands hyperscaleurs (AWS, Google et Microsoft Azure). Cette domination souligne leur rôle essentiel dans le secteur, et met aussi en lumière les problèmes liés à la saturation du marché, à la complexité des coûts et à la dépendance vis-à-vis des fournisseurs. La consolidation du marché autour d'Azure, d'AWS et de Google Cloud Platform (GCP) a suscité un débat sur les implications d'une telle domination. Le groupe industriel européen CISP dénonce régulièrement les agissements de Microsoft sur le marché européen du cloud.
Malgré les avantages du cloud, une étude d'IDC a révélé que 71 % des répondants prévoient de migrer partiellement ou totalement les charges de travail du cloud vers un environnement dédié au cours des deux prochaines années. Une étude publiée par Citrix en mars a révélé que les organisations optent désormais pour une approche de cloud hybride en raison de la flexibilité, de la rentabilité et de la sécurité. Cela permettrait aux organisations de réduire les coûts.
Calvin Hsu, vice-président de la gestion des produits chez Citrix, affirme : « les infrastructures de cloud hybride offrent le meilleur des deux mondes, qu'il s'agisse de modèles publics ou privés. Les organisations peuvent optimiser les coûts, intégrer des systèmes de manière transparente et expérimenter des projets d'innovation sans compromettre l'agilité ou la flexibilité ». L'enquête de Civo apporte les conclusions et les tendances ci-après :
- 41 % des entreprises n'ont pas prévu d'augmentation de leurs dépenses en matière de cloud au cours des 12 derniers mois ;
- 59 % des organisations ont signalé une augmentation des dépenses liées au cloud au cours des 12 derniers mois ;
- 31 % des entreprises ont déclaré une augmentation de 10 % de leurs dépenses en matière de cloud ;
- 37 % ont enregistré une augmentation de plus de 25 % au cours des 12 derniers mois ;
- 32 % des entreprises ont enregistré une augmentation de leurs dépenses en matière d'informatique dématérialisée comprise entre 11 % et 25 % au cours des 12 derniers mois ;
- 32 % des entreprises de moins de 50 employés ont des factures mensuelles de services cloud supérieures à 10 000 euros, certaines allant jusqu'à 5 000 000 euros ;
- 54 % des PME comptant entre 100 et 499 employés ont des dépenses mensuelles liées cloud comprises entre 10 000 et 499 000 euros ;
- 43,6 % des grandes entreprises (plus de 500 employés) ont des dépenses mensuelles supérieures à 1 000 000, dont 10 % dépassent 10 000 000 chaque mois.
Ces chiffres soulignent les difficultés auxquelles les organisations sont confrontées lorsqu'elles gèrent et prévoient les dépenses liées au cloud dans le contexte actuel du marché. En outre, il est difficile de prévoir les dépenses liées au cloud, car 26 % des personnes interrogées affirment avoir dû faire face à des factures d'un montant inattendu.
La société américaine de logiciels Basecamp (37signals) a entamé l'année dernière un processus de retrait du cloud au profit d'une solution sur site et a déclaré que cette approche lui permettra d'économiser 7 millions de dollars en dépenses de serveurs sur cinq ans. Elle a déclaré que cette économie devrait se faire sans nécessiter une modification de la taille de l'équipe d'exploitation de l'entreprise ou un autre changement majeur. Basecamp s'est insurgée contre ce qu'elle appelle "les augmentations grotesques des prix du cloud", après avoir dépensé plus de 3,2 millions de dollars dans le cloud au cours de l'année 2022.
L'IA contribue également à l'augmentation des dépenses liées au cloud
Le rapport indique que les organisations sont motivées par le désir de réduire les coûts et d'éviter le verrouillage des fournisseurs, ce qui les incite à chercher des alternatives aux services cloud traditionnels. Il met en lumière un intérêt croissant pour les fournisseurs de cloud alternatifs, les entreprises recherchant des solutions qui offrent simplicité, rentabilité et flexibilité pour éviter le verrouillage des fournisseurs. Les observations de Civo confirment les tendances relevées par Citrix en mars. Citrix précise toutefois que les responsables informatiques cherchent à abandonner le "tout-cloud" au profit du cloud hybride.
Alors que le marché continue d'évoluer, les réponses des fournisseurs de cloud et les décisions prises par les entreprises façonneront la trajectoire future du cloud, conduisant potentiellement à un écosystème plus diversifié et plus compétitif. En attendant, le rapport de Civo révèle les tendances ci-après :
- mesures de gestion des coûts : 53 % des organisations ont pris des mesures pour gérer ou réduire les coûts de leurs services de cloud computing, en utilisant une combinaison d'outils logiciels (30 %), de stratégies internes (42 %) et de consultants spécialisés (15 %) ;
- préoccupation concernant les coûts élevés : 47 % des entreprises estiment que le coût des services cloud est trop élevé, ce qui témoigne d'un intérêt croissant pour des solutions alternatives offrant un meilleur contrôle et un meilleur rapport coût-efficacité.
Alors que de plus en plus d'organisations adoptent l'IA générative et d'autres technologies d'IA, la demande de ressources GPU puissantes et abordables est devenue cruciale. Les disparités de prix entre les trois grands fournisseurs (Azure, GCP, AWS) mettent en évidence les défis financiers auxquels les entreprises sont confrontées pour accéder à la puissance GPU nécessaire aux applications d'IA et d'apprentissage automatique. Selon une enquête menée par Gartner d'octobre à décembre 2023, 83 % des répondants ont déclaré avoir déployé (ou sont en train de piloter) l'IA générative au sein de leur organisation.
Selon Civo, les fournisseurs de cloud alternatifs peuvent offrir un modèle de tarification compétitif qui se distingue comme une alternative rentable, favorisant un accès plus large aux ressources de calcul de haute performance. La hausse des coûts et les frais supplémentaires associés aux fournisseurs traditionnels soulignent la nécessité pour les organisations d'évaluer méticuleusement leurs fournisseurs de services cloud. Le paysage du cloud continue d'évoluer.
Les entreprises doivent aborder ces changements de manière stratégique afin d'optimiser leurs investissements dans l'informatique dématérialisée et de garantir une croissance durable. Cette transition ouvre la voie à l'avenir du cloud, où les solutions innovantes et les pratiques équitables joueront un rôle crucial.
Réduire les coûts et éviter le verrouillage des fournisseurs de services cloud
Le cloud a marqué le début d'une nouvelle ère pour le développement logiciel, favorisant la collaboration, l'évolutivité, etc. Pour certains analystes, le cloud représente l'avenir et comporte de nombreux avantages pour les entreprises. Gartner s'attend à ce que, d'ici à 2028, le cloud passe du statut de perturbateur technologique à celui d'élément nécessaire au maintien de la compétitivité des entreprises. Milind Govekar, Distinguished VP Analyst chez Gartner, a déclaré que les entreprises investissent massivement dans le cloud, car il permet d'obtenir un avantage concurrentiel. Mais est-ce vraiment le cas ?
Les défis liés à la gestion et à l'optimisation des coûts du cloud sont de plus en plus importants dans le paysage moderne. Selon AAG, la gestion des dépenses liées au cloud est devenue la principale priorité des entreprises et des PME (82 %). En 2022, Canalys a averti que les prix pourraient augmenter d'un tiers, et plusieurs entreprises ont commencé à remettre en question le coût de l'exploitation des services cloud par rapport à l'exploitation sur site.
Faut-il pour autant s'attendre à un recul de l'informatique dématérialisée ? David-Lovelock pense que non : « les DSI ne peuvent pas tourner le dos au cloud. L'enthousiasme débordant pourrait s'être estompé au profit de calculs de retour sur investissement plus rigoureux, et certaines charges de travail pourraient être rapatriées du cloud, mais cela ne constituera pas un changement de direction ; juste une ondulation dans le flux de dollars qui se dirige vers le cloud ».
Lorsque les organisations explorent les alternatives, plusieurs considérations émergent, dont l'investissement initial et les coûts de maintenance, l'évolutivité et la flexibilité, ainsi que l'expertise technique requise pour gérer et maintenir le changement. Selon Civo, une autre stratégie pour optimiser et gérer les coûts du cloud consiste à utiliser un système multicloud. Cette approche permet aux utilisateurs de mettre en œuvre plusieurs fournisseurs de services cloud.
Certains fournisseurs peuvent privilégier la performance et d'autres la rentabilité, la sécurité ou la souveraineté des données. En intégrant les services de plusieurs fournisseurs, les utilisateurs peuvent optimiser plus efficacement les performances, garantir la prévisibilité des coûts et protéger leurs données et leurs informations. Selon Gartner, d'ici 2028, plus de 50 % des entreprises ne tireront pas profit du multicloud si elles n'ont pas mis en place une stratégie.
Selon Civo, l'un des moyens de mettre en œuvre une stratégie efficace en matière de dépenses liées au cloud consiste à utiliser les quatre piliers clés suivants : Observer, Agir, Automatiser et Maintenir la cohérence (comme le montre l'image ci-dessus). À mesure que le paysage du cloud évolue, les entreprises doivent s'adapter et prendre des décisions éclairées concernant leurs engagements en matière d'infrastructure, ce qui sera crucial pour l'atteinte des objectifs.
Source : Civo
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