Après la stupeur de l'incendie survenue dans la nuit du 9 au 10 mars dans le principal bâtiment du site strasbourgeois de l'hébergeur OVHcloud, les répercussions continuent à se faire sentir. D'après l'hébergeur, entre 12 000 à 16 000 personnes seraient concernées par une perte totale ou partielle de leurs données suite à l’incendie, privant ainsi les clients de leurs sites Internet et autres données. Et les gestes commerciaux proposés par la société ne sont pas à la hauteur des attentes. Une professionnelle vendeuse sur Internet perd son site et ne se voit proposer que 30 euros de dédommagement.
Mathilde Picouret, une jeune vendeuse sur Internet installée à Urville-Nacqueville dans le département de la Manche, utilise son site Web pour présenter ses bijoux aux clients des quatre coins de France. Les commandes passées via le site marchand sont ensuite livrées. Seulement la professionnelle ne peut plus exercer son activité depuis quelques jours à cause de l’incendie qui a ravagé le data center de l’entreprise OVH la semaine dernière, son site comme plusieurs autres n’étant plus en capacité de fonctionner.
« En me levant, je me suis rendu sur mon site, mais il n'était plus actif. J'ai fait le rapprochement avec les informations concernant l'incendie du data center à Strasbourg », a déclaré Picouret, selon France Bleu Cotentin. La vendeuse n’a pas tardé à recevoir la confirmation du fait que le serveur détruit hébergeait effectivement toute son activité sur le Web. Elle a perdu toutes ses données, autrement dit. « Pour moi c'est un vrai préjudice, car ce sont tous mes fichiers clients et mes contacts qui ont disparu », a soupiré la jeune femme.
Dimanche dernier, OVHcloud a publié d’importantes informations sur les données hébergées par les centres de données et a actualisé son plan de relance de ces derniers. L’entreprise a expliqué à ses clients qu'il ne peut pas garantir la récupération de toutes les données. S'il dispose de sauvegarde de certains systèmes touchés et peut donc récupérer les données concernées, certains systèmes n'ont tout simplement pas de sauvegardes.
L'entreprise a expliqué qu'elle doit encore déterminer si elle a des sauvegardes viables pour de nombreux services et qu'elle ne peut pas être sûre d'avoir des sauvegardes pour certains services qu'il a classés comme "récupérables". En ce moment-là, la page d’état indiquait les services Plesk, NAS-HA storage, Datastore et vRops, pour ne citer que ceux-là, comme irrécupérables sur la base de l'évaluation par OVH de ses sauvegardes internes.
30 euros de dédommagement pour le site Internet perdu
Si vous pensez que votre site hébergé par OVHcloud est défaillant ou si l'entreprise vous a informé d'être parmi les personnes concernées, consultez d'abord votre contrat et particulièrement le « service-level agreement » (SLA), c'est-à-dire la convention de niveau de services. « Si le contrat prévoit, par exemple, un back up, l'hébergeur s'engage à restaurer les données de la dernière sauvegarde effectuée. La gravité dépendra alors de la date de cette sauvegarde », a expliqué Matthieu Bourgeois, avocat spécialiste du droit des données, associé du cabinet KGA Avocats. Si le SLA prévoit une redondance miroir en temps réel – c'est-à-dire une sauvegarde en temps réel sur un autre serveur – les données ne seront pas a priori impactées.
Rappelons que rien n'oblige légalement un hébergeur a proposer une solution de sauvegarde. C'est au client de faire la démarche en recourant à des options contractuelles. « À ma connaissance, les clients d'OVHcloud ne souscrivent pas de contrat particulier, mais acceptent des conditions générales pour accéder aux services et des conditions particulières dans certains domaines bien précis (hébergement, location…) », a signalé Arnaud Touati, associé fondateur de Hashtag Avocats, spécialistes des contrats numériques. Il est donc possible que les données ne soient pas sauvegardées par défaut.
C’est le cas de la jeune vendeuse de bijoux sur Internet. Mais heureusement, Picouret a la chance de pouvoir compter sur son conjoint qui s'y connaît en développement et qui travaille d'arrache-pied depuis une semaine pour recréer lui-même un site marchand pour sa compagne. Cela lui évite des frais de création d’un nouveau site, mais le préjudice économique reste lourd pour sa petite entreprise. « Si nous parvenons à lancer notre nouveau site marchand d'ici la fin de cette semaine, j'estime que j'aurai perdu environ 2000 euros », précise Picouret.
L'entreprise a également indiqué dimanche avoir commencé à accorder des crédits de service aux clients touchés par l'incendie et a également suspendu la facturation. Mais ce n'est pas le "geste commercial" consenti par OVHcloud qui lui permettra de compenser cette perte ! « Ils m'ont proposé un avoir de 30 euros, autrement dit, la gratuité pour six mois d'hébergement de mon site, si je reviens chez eux », a indiqué la jeune femme avant de conclure, « il est hors de question de leur faire à nouveau confiance. J'irai chez un autre hébergeur, et je prendrai l'option garantie de sauvegarde ».
Le calendrier de restauration actualisé indique que SBG1, qui a été partiellement touché par l'incendie, a vu son électricité rétablie temporairement le 13 mars. Le rétablissement définitif du courant est prévu pour le 17 mars et le réseau interne du centre de données sera rétabli le même jour. Le démarrage des serveurs est provisoirement prévu le 22 mars. Reste la question des données stockées dans le bâtiment SBG2, le plus touché par l'incendie, qui pourraient avoir été perdues à jamais.
Chez l'hébergeur français OVHcloud, si aucune option payante n'est souscrite, "aucune sauvegarde des données et contenus du client n'est effectuée", précisent les conditions d'utilisation des serveurs dédiés. « Toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, doivent prendre conscience que le numérique et plus précisément les data centers sont physiques », insiste Matthieu Bourgeois. Ainsi, même si on a souscrit un contrat avec des conditions particulières de sauvegardes, il est indispensable d'effectuer une copie sur un serveur local.
Source : France Bleu Cotentin
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Le , par Stan Adkens
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