Les centres de données cloud d'Amazon AWS liés à des "cancers rares et des fausses couches", après que la hausse des besoins en eau d'Amazon a augmenté les taux de nitrate dans l'eau potable du comté de MorrowL'expansion des centres de données d'Amazon dans le comté de Morrow, dans l'Oregon, a fait l'objet d'une attention particulière après qu'une enquête du magazine Rolling Stone a établi un possible lien entre la forte consommation d'eau souterraine de ces installations et l'augmentation de la contamination aux nitrates dans l'eau potable locale. Le rapport suggère que les dizaines de millions de litres d'eau utilisés par Amazon pour refroidir ses serveurs pourraient aggraver la pollution de l'eau, en plus des déchêts agricoles, et contribuer ainsi à une augmentation des cancers rares et des fausses couches. Amazon conteste toutefois ces conclusions, affirmant que les problèmes régionaux liés aux eaux souterraines existaient bien avant son arrivée et que ses activités ne sont pas à l'origine de ce phénomène de contamination.
Amazon Web Services, Inc. (AWS) est une filiale d'Amazon qui fournit des plateformes de cloud computing à la demande et des API aux particuliers, aux entreprises et aux gouvernements, sur la base d'une facturation à l'utilisation. Amazon commercialise AWS auprès des abonnés comme un moyen d'obtenir une capacité de calcul à grande échelle plus rapidement et à moindre coût que la construction d'une ferme de serveurs physiques. Au premier trimestre 2023, AWS détenait 31 % des parts de marché de l'infrastructure cloud, tandis que ses deux principaux concurrents, Microsoft Azure et Google Cloud, en détenaient respectivement 25 % et 11 %, selon Synergy Research Group.
La situation d'AWS dans l'Oregon s’inscrit dans un débat plus large sur l’empreinte hydrique des infrastructures numériques. Une étude de l’Université de Californie à Riverside a révélé que les outils d’intelligence artificielle (IA) consomment jusqu’à quatre fois plus d’eau que prévu, notamment pour le refroidissement des serveurs. Des modèles comme ChatGPT d'OpenAI nécessitent notamment jusqu’à deux litres d’eau pour quelques dizaines de requêtes, bien au-delà des estimations initiales. Cette demande accrue, observée aussi chez Microsoft et Google, met en lumière la pression environnementale exercée par l’essor de l’IA.
Le comté de Morrow, dans l'Oregon, est connu pour ses grandes exploitations agricoles et ses unités de transformation alimentaire. Mais au cours de la dernière décennie, il a également accueilli plusieurs centres de données Amazon. Selon un rapport de Rolling Stone, les experts et les habitants de la région pensent désormais que la combinaison des déchets agricoles et de la forte consommation d'eau de ces centres de données fait grimper les niveaux de nitrate dans l'eau potable à des niveaux dangereux. Ce facteur serait à l'origine d'une augmentation des cancers rares et des fausses couches, selon le rapport.
Une enquête approfondie menée par Rolling Stone affirme que les niveaux de nitrate dans certains puits de l'aquifère du bassin inférieur d'Umatilla ont atteint 73 parties par million (ppm). Ce chiffre est 10 fois supérieur à la limite de 7 ppm fixée par l'Oregon et sept fois supérieur à la limite fédérale.
Amazon, quant à elle, a fermement nié que ses centres de données étaient l'un des facteurs à l'origine de la contamination. La porte-parole de l'entreprise, Lisa Levandowski, a déclaré à Rolling Stone que le rapport était « trompeur et inexact » et que les problèmes liés aux eaux souterraines « étaient bien antérieurs à la présence d'AWS » dans le comté.
Comment les nitrates pénètrent dans l'eau
La nappe phréatique, qui alimente la région en eau potable, est soumise depuis des années à la pression exercée par les eaux usées provenant des grandes exploitations agricoles. Les engrais utilisés dans l'agriculture contiennent des nitrates qui, au fil du temps, s'infiltrent dans le sol et l'eau.
Selon Rolling Stone, l'arrivée d'Amazon « a accéléré ce processus ». Les centres de données d'Amazon pompent des dizaines de millions de litres d'eau souterraine par an pour refroidir leurs serveurs. Après refroidissement, l'eau est envoyée dans le système d'évacuation des eaux usées du port de Morrow. « Les datacenters pompent chaque année des dizaines de millions de gallons d'eau de la nappe phréatique pour refroidir leur matériel informatique, qui est ensuite acheminé vers le système d'égouts du port », précise le rapport du Rolling Stone.
Ces eaux usées, qui contiennent déjà des nitrates, sont ensuite pulvérisées sur les fermes voisines. Mais le sol de ces zones est sableux et poreux, ce qui signifie qu'il ne peut pas tout absorber. En conséquence, encore plus de nitrates s'infiltrent dans l'aquifère.
Amazon rejette ces allégations
La porte-parole d'Amazon, Lisa Levandowski, a déclaré à Rolling Stone que l'entreprise n'utilisait et ne rejetait « qu'une infime partie » de l'approvisionnement en eau de la région, et que « les nitrates ne sont pas un additif » utilisé dans ses activités.
« La vérité est que cette région connaît depuis longtemps des problèmes de qualité des eaux souterraines, bien avant l'arrivée d'AWS, et que les agences fédérales, étatiques et locales travaillent depuis des années pour lutter contre les nitrates provenant des engrais agricoles, du fumier, des fosses septiques et des eaux usées des usines de transformation alimentaire », a déclaré Lisa Levandowski au magazine.
« Nos centres de données s'approvisionnent en eau à partir de la même source que les autres membres de la communauté ; nous n'utilisons pas de nitrates dans nos processus, et le volume d'eau utilisé et rejeté par nos installations ne représente qu'une très petite fraction du réseau d'approvisionnement en eau, ce qui est insuffisant pour avoir un impact significatif sur la qualité de l'eau », a-t-elle ajouté.
Les préoccupations autour des installations d’Amazon s’ajoutent par ailleurs à un constat plus général : les grandes entreprises technologiques peinent à concrétiser leurs engagements en matière de développement durable. Malgré des annonces répétées, les initiatives restent limitées et alimentent les critiques d’écoblanchiment. Plusieurs spécialistes estiment que les investissements dans les énergies renouvelables et les technologies vertes demeurent insuffisants et appellent à des actions plus ambitieuses pour répondre aux défis environnementaux liés au numérique.
Source : Rapport de Rolling Stone
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